Répertoires enseignés de danse égyptienne

On a peu de représentations des danses de l’Egypte ancienne. Quelques très belles peintures dans les tombes de la vallée des Nobles ou de rares bas reliefs dans le temple de Louxor laissent penser que les danseuses étaient aussi prêtresses, musiciennes et acrobates. 

La danse Baladi

C’était une danse sacrée et ritualisée, destinée à honorer les divinités. Cette danse populaire trouve ses origines au Caire. Elle s’accompagne de la musique du même nom qui est issue des chants traditionnels et s’est surtout développée par l’adoption et la fascination des musiciens égyptiens pour les instruments occidentaux. Il en est résulté une sonorité tout à fait unique mêlant mélodie orientale, tonalités d’accordéon et de saxophone. Le Baladi exprime admirablement l’âme même de l’Egypte et de sa population : une grande sensibilité empreinte de nostalgie mais toujours proche de la joie et de la fête.

Les mouvements sont ancrés, car les appuis se font à plat au sol et le bassin est particulièrement enraciné, présent et puissant. Les bras sont cependant très raffinés, ainsi que les mains   mais toujours près du corps.Ahmed Adaweya, Ruh el Fouad sont parmi les grands interprètes  de la musique « baladi » qui comptent de nombreux chanteurs et chanteuses anonymes.

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Danse avec voile : répertoire citadin

Dans plusieurs œuvres célèbres de la culture occidentale, la danse des sept voiles (où l’on cite généralement la danseuse Salomé) aboutit à l’exécution de Jean-Baptiste. Les détails qui ont enrichi l’histoire dans les écrits tardifs du christianisme ont développé le symbolisme de cette danse : à la fois signe de décence, qui protège du regard des autres, et instrument de séduction, qui attire et ensorcelle. Le voile évoque la question du visible et de l’invisible. Ses plis et ses drapés sont utilisés pour dessiner une frontière, un seuil entre la sphère publique et la sphère privée, intime. Il délimite, de façon mouvante, un espace qui s’offre puis se dérobe au regard. Accessoire fortement sexué, le voile est utilisé pour magnifier les formes du corps féminin qui devient l’axe des mouvements et le partenaire de la danseuse.

Danse Shaabi, répertoire rural

La musique de la campagne égyptienne est la musique du peuple (Sha’ab), celle qui se joue dans toutes les fêtes et les cérémonies qui marquent les moments importants de la vie. Elle est issue des villages ruraux et des petites villes de toute l’Egypte. Le parcours de ce chant populaire démontre cette histoire commune aux pays arabes faite d’affinités et d’interactions séculaires au-delà des tracés de frontières imposées par les colonisations ottomanes et occidentales.  Cette musique est aussi liée à une des « institutions » de la vie quotidienne du monde arabe : le café, al-kahwa, lieu convivial où les hommes aiment se rencontrer et fumer le narguilé. Dans le passé, les cafetiers pour attirer la clientèle permettaient à des artistes ambulants de donner quelques représentations. Les danseuses qui s’y produisaient, appartenaient le plus souvent à des tribus d’origine gitane. Le style Shaabi est rustique et fier. Le centre de gravité du corps est placé dans le bassin, accentuant le coté terrien de la danse.

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Danse Shaabi, répertoire rural nomade

L’Egypte n’a aucun vrai programme de conservation de ses danses bédouines, pas plus d’ailleurs que de son patrimoine de danses féminines. La population du Sinaï se singularise pourtant par une culture et des traditions toutes particulières. Les danses s’inspirent d’exercices et chorégraphiques exécutés dans le passé par des hommes avant un combat afin de mettre en valeur leur courage et leur noblesse de caractère. Il arrivait qu’un groupe de femmes les accompagnent dans la danse, en faisant tournoyer leur chevelure. La chevelure en islam et dans les traditions préislamiques a toujours eu une connotation très sexuelle. C’est pour cette raison qu’elle ne doit pas être montrée. Dans ce cas, le balancement de la tête avait pour but-de canaliser, voire exciter la puissance du guerrier. On peut aussi noter des mouvements caractéristiques des mains effectuant un tremblement destiné à dissiper les forces maléfiques.

Danse Shaabi: répertoire contemporain

Les mouvements de la danse égyptienne offrent ici leur dimension universelle et intemporelle.

Ils sont en effet, adaptables à toutes les musiques et à tous les rythmes car ils induisent dans le corps, des réponses à des besoins fondamentaux tels l’estime de soi, la considération, la beauté, le plaisir, l’enracinement,  le  lâcher-prise …

Toutes les qualités et les facettes du féminin y sont expérimentées  jusqu’à  incarner et vivre  le féminin divin. La chanteuse belgo-marocaine «Natacha Atlas» incarne magnifiquement cette universalité. Par ses créations où elle mélange les rythmes traditionnels arabes et les rythmes occidentaux, elle crée un patrimoine musical, fait de compréhension et de respect.

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Répertoire classique : danse de cour

C’est au français Savary que l’on doit le terme « almée » qui désigne, dès 1785, l’univers des femmes dans les harems qui jouent de la musique, chantent des poèmes tout en exécutant des danses «lascives et sensuelles».  Ce terme, qui fit fureur dans tout l’occident de 19ème siècle, est dérivé de l’arabe «âlima» qui signifie «savante». Il désigne aussi des femmes éduquées voire érudites mais indépendantes, qui se produisent dans les riches familles avec un orchestre classique composé de 4 à5 musiciens offrant les sonorités du qanun (sorte de cithare), du oud (luth), (sorte de harpe), du naï (flûte), d’un ou deux instruments de percussions. Les mouvements de la danse sont les mêmes que dans les autres danses mais sont réinterprétés de manière sophistiquée et raffinée.

Le style sharqi se reconnaît à son caractère lyrique. Il se définit par des gestes amples, de gracieuses arabesques des bras et du corps et par une grande fluidité dans les déplacements.

Danse Shaabi: répertoire solo percussion

Dans les années 1920, les grandes villes égyptiennes comptaient de nombreux cabarets et music-hall pour divertir la population européenne résidant dans le pays.

Contrairement aux mœurs traditionnelles, on s’y rendait en couple, et la bourgeoisie égyptienne, avide de modernité, côtoyait avec délice ces établissements.

Une jeune femme, Badiaa  Masabni, d’origine libano- syrienne,  inaugura un salon qui devint un des endroits  à la mode de la capitale égyptienne. Pour satisfaire un public de plus en plus nombreux et enthousiaste, les jeunes artistes qu’elle formait apprirent à occuper l’espace et à théâtraliser leur danse. Ainsi apparut la forme du solo féminin qui devint une forme accomplie de la danse où se distinguèrent les plus grands noms de la danse égyptienne.

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